Cocktails estivaux : découvrez les tendances et l’évolution des boissons estivales

C’est bien plus qu’une tendance, c’est carrément un phénomène de société dans notre partie du monde. Le cocktail, qui fut, longtemps, une boisson plus ou moins réservée à une certaine élite hédoniste de la société s’est popularisé et même imposé dans nos vies. Alors qu’il était considéré comme un moment fondamentalement hors du repas, il devient même une boisson comme les autres ou presque.

Passer de l’élite au populaire, comment cela s’est-il passé ?

Les tendances de consommation mondiale de boissons alcoolisées sont scrutées par les plus grands spécialistes du marketing. Indéniablement, l’argent généré par ses produits représente une sacrée marge bénéficiaire et il serait bien bête pour les grands groupes producteurs de laisser tarir une telle source. Là où les boomers buvaient du whisky-coca, du gin orange ou du Campari tonic, les générations suivantes ont cherché d’autres sources de plaisirs bibitifs. Ces générations élevées à coup de soda est nettement plus en recherche de « sucre » que les précédentes, assument aussi nettement moins la consommation frontale d’alcool. On veut bien, mais, un peu à l’américaine, ça doit être discret, caché même.

Souvenez-vous de la vague du Breezer, de la limonade dopée au rhum sucré. Certes cela n’a été qu’un tsunami, mais combien de très jeunes à l’époque ont découvert l’alcool à travers cela ?

C’est donc tout naturellement que les entreprises productrices de spiritueux se sont lancées dans le créneau du mix. De l’alcool avec des jus, des aromatisants, du tonic , bref tout ce que votre imaginaire peut mettre à votre disposition et le tour est joué.

Certes cela a pris un peu de temps, il a fallu tout d’abord ringardiser les barmans à l’ancienne en veste blanche et cravate noire. Joli paradoxe cependant, aujourd’hui, là où l’on trouve des bars « classiques », les artisans du cocktail sont dans le même uniforme qu’il y a un demi-siècle ou presque.

De mixologiste à bar tender

Une fois cela entamé, on a sorti de terre les « mixologistes » des femmes et des hommes qui savaient manier les instruments, prêts à supporter des marques fortes, bien sponsorisés et entourés. Certains sont devenus des stars mondiales. Les « évènements » de toutes natures du début du millénaire ont été, presque systématiquement, arrosé par de la mixologie. Actuellement les mots « barman et mixologiste » sont proscrits, on leur préfère Bar Tender qui est neutre, moins connoté « male ». C’est pas plus mal. Et les bar tenders sont, le plus souvent, dans leurs bars.

Les cocktails sont bien trop souvent nettement trop sucrés et perdent leurs fragiles équilibres

Le cocktail est devenu un champ libre, ouvert à la création la plus débridée, et c’est une bien belle nouvelle. C’est parfois du grand n’importe quoi, mais on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs et la progression se fait aussi par essais/erreurs.

Évidemment, il y a une dérive. S’il n’y en avait pas cela ne serait pas vraiment drôle. Si vous goûtez un mojito à la Bodeguita del Medio à La Havane, une Caïpirinha dans un bar de plage à Copacabana et les mêmes chez Jos à Herstal, cela n’aura pas vraiment le même goût. Il faut s’y faire. Herstal est nettement plus facile d’accès. Donc dès qu’il y a de la menthe, du sucre (beaucoup trop), du rhum, du citron vert et de l’eau pétillante, c’est bon et puis basta…

Les cocktails sont bien trop souvent nettement trop sucrés et perdent leurs fragiles équilibres. Mais ce que veut le consommateur EST la vérité ; un point c’est tout.

On remarque une évolution dans le monde des alcools

Pour les boomeurs et leurs semblables, les producteurs d’alcools classiques inventent des cuvées rarissimes à tours de bras. The sky is the limit tarifaire, le reste n’est que marketing bien travaillé. Pour les néo-consommateurs les mêmes créent, sous les mêmes marques, des produits abordables, attractifs gustativement par leur sucrosité et à des prix « raisonnables ». On up-grade l’alcool de la même manière que toute la filière luxe. D’une part des trucs inaccessibles pour le quidam qui font rêver. D’autre part de l’abordable pour que les mêmes quidams puissent accéder à la communauté. Les lunettes solaire de « couturier » en d’autres termes.

Ces boissons d’un nouveau genre se sont offert une jolie place au soleil de nos été. Petit tour d’horizon de nos plaisirs presque innocents

Le Spritz

Que l’on nomme souvent Apérol Spritz. L’Apérol était un bitter qui vivotait dans une maison qui avait connu des jours meilleurs. Un directeur marketing plus talentueux que les autres a eu l’idée de ressusciter une vieille boisson : Le Spritz, qui se nomme Spritzer là où il est né, à Vienne, en Autriche. La capitale de la Sacher Torte est aussi la capitale européenne où l’on trouve le plus grand vignoble. Mais il y fait très chaud en été. Au XIXè la bonne société de la ville avait pour habitude de se retrouver dans des sortes de guinguettes au milieu des vignes. Pour se rafraîchir sans s’étourdir, les belles de l’époque avaient pour habitude de couper le vin blanc d’eau de Seltz, d’eau pétillante pour faire simple. Cette habitude s’est vite répandue dans tous l’Empire Austro-Hongrois, jusqu’à Venise même…

La recette du Spritz

Quand le Spritz est revenu dans nos verres sous sa forme nouvelle, il était décomposé en trois mouvements : 1 dose d’Aperol, 2 de Prosecco, 3 d’eau pétillante. Cette dernière a rapidement disparu, comme c’est étrange. Juste un dernier détail en passant, ceci n’est pas un apéritif même si vous aimez ça. Cela n’ouvre pas l’appétit. Ça aurait même une furieuse tendance à remplir l’estomac d’un liquide très froid ; mais c’est vous qui voyez.

Le Gin Tonic

A l’origine de sa création, le tonic contenait de la quinine. Pour tenter d’enrayer les ravages du paludisme sur les colons britanniques un peu partout dans le monde. Mais c’était une boisson terriblement amère de ce fait. Pour rendre cela supportable nos amis d’outre-manche eurent tôt fait d’y ajouter une bonne dose de gin. Ça c’est l’épisode de départ. Durant la seconde guerre mondiale, bon nombre de Continentaux découvrirent cette boisson à l’occasion de leurs séjours chez nos voisins. Le tonic s’est adoucit et hop, cela fit fureur jusqu’aux années 80. Le liquide dans les verres devenait vaguement bleu dans les discothèques dès qu’il y avait de la lumière noire…

Le gin est un alcool qui ne coûte presque rien

Le gin tonic n’existait pratiquement plus qu’en Espagne jusqu’à ce qu’il renaisse telle une vague qui emporte tout sur son passage dans nos contrées. Il faut dire que le Gin est un alcool qui ne coûte presque rien hormis les taxes locales, donc tout le monde s’est mis à produire son Gin. La vague se tarit quelque peu chez nous mais elle envahit la France ces dernières années. On multiplie les combinaisons à qui mieux mieux. On invente des sodas qui complètent et tout le monde est heureux. Juste un dernier détail en passant, ceci n’est pas un apéritif même si vous aimez ça. Cela n’ouvre pas l’appétit. Ça aurait même une furieuse tendance à remplir l’estomac d’un liquide très froid ; mais c’est vous qui voyez.

Le Negroni

Parmi les derniers avatars de la famille cocktail, il y a le retour des vermouths et des apéritifs à base de vin, des bitters, tels le St Raphaël pour le plus ancien. Depuis peu, au centre de Bruxelles une « vermouteria » a vu le jour, enfin surtout la nuit, et c’est superbe. Le Negroni tient son nom d’un aristocrate italien qui, à l’aube des années 20, était un peu fatigué de boire toujours le même « Americano » à l’eau pétillante. C’est comme ça qu’est né ce cocktail : 3cl de gin, 3 cl de Vermouth et 3cl de Campari. Ceci est un apéritif. Certes un peu raide, mais ça ne transforme pas l’estomac en outre.

La Sangria

Voilà un recette qui fait un retour en force. Mais a-t-elle un jour quitté les tables estivales vraiment ? La Sangria, du moins son idée, date de la nuit des temps. Dès que l’on a fait du vin, il y a environ 8000 ans, s’est posée la question de sa conservation. C’était moyen moyen. Il a fallu donc recourir a des artifices plus ou moins efficaces pour rendre le vin buvable plus de quelques mois après la vendange. On l’a additionné de fruits, d’herbes, de simples, d’épices en fonction de ce que l’on avait sous la main. Il n’y a donc pas de recette véritable de Sangria. Évitez toutefois d’y mettre de l’alcool genre gin ou un truc du genre, le but n’est pas de s’endormir immédiatement au bord de la piscine. Un dernier conseil : ne mangez pas les fruits dès le premier jour, laissez leur le temps de s’imprégner. Ceci pourrait être un apéritif. Et même accompagner la tomate Mozza et le Taboulé trop cuit du BBQ du voisin.

Passez un bel été et n’oubliez pas de dormir là où vous buvez, c’est plus simple.

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