De la bière et de la hauteur 

Il y a quelques jours, je regardais les chiffres d’import par pays de la Chine. Ceux de 2019. Ceux du temps d’avant, du monde d’avant et de la compréhension d’avant. Ou tout était facile ou presque. Des chiffres qui, pour les brasseurs belges, atteignaient des sommets. Juste derrière l’Allemagne, qui faisait un peu plus de 20%, arrivait la Belgique, avec  des chiffres juste en dessous de cette barre, mais à quelques milli-poils. La différence entre l’Everest et le K2.

Le beau succès des brasseurs belges.

Ce sommet atteint par les brasseurs belges est une réussite, il faut en convenir, car elle n’est pas que le fruit du travail du n°1 mondial, elle est aussi celle des BFB et même de beaucoup de craftbrouwers. Tout le monde se bouge. La Chine, nouvel eldorado brassicole mondial, semble être un mot d’ordre. Mais même les sycomores ne poussent pas jusqu’au ciel, et les marchés en croissance éternelle cessent un jour de grandir. Les deux années qui viennent de s’écouler en sont les preuves cinglantes.

Certes, cela a offert l’occasion à pas mal de distillateurs de créer un gin «original » à base de bière. On a même un « Genepeak » de très belle tenue qui est apparu sur le marché. Les bières arrivées à la limite de leur DLC ont été intelligemment recyclées, et cela a limité aussi les pertes financières, même si ce n’est pas la panacée universelle. Ne nous leurrons pas.

Quel est l’avenir, à l’aube de la sortie de crise ?

Bien malin qui peut le dire. Le marché local devient compliqué:

D’une part les classiques maintiennent le cap et la consommation, mais se font grignoter des parts de marché par les nouveautés, les locaux. Ceux-là même qui sont obligés de multiplier les cuvées pour tenter de capter des néo-consommateurs dont la versatilité semble être la seule constante. Ne tombez pas amoureux d’une cuvée, elle ne dure que le temps de la boire et puis on passe à autre chose.

Même les gueuziers se mettent à diversifier leurs produits sans autre limite que le ciel de leurs imaginations. Pour notre plus grand bonheur c’est certain, même si cela ajoute à la cacophonie ambiante.

D’autre part, la bière se boboïse: même en dehors des villes, elle se consomme surtout à la maison, et influencer le consommateur devient un véritable casse-tête pour les grandes marques. Il leur faut dépenser nettement plus que dans les temps anciens pour faire avancer de nouveaux produits avec un succès pas toujours garanti.

L’Afrique: nouvelle destination d’export?

Pour survivre, les centaines de brasseries du royaume doivent exporter, tel Sisyphe; recommencer chaque jour la même ascension compliquée afin de trouver la lumière et le marché qui permet de vivre. Et si le nouveau marché export pour les bières spéciales avait le visage de l’Afrique? Ce continent est sous visité par les commerciaux parce que victime de clichés, mais certains pays, tels l’Angola, parmi d’autres, sont stables, riches, et amateurs de nos bières. Et si le prochain Himalaya des brasseurs belges se nommait plutôt Kilimandjaro ?

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