Mezcal ou Tequila ?

Le boum du gin semble doucettement toucher à sa fin

Le marché aurait passé son point culminant et la descente s’amorce. Oui, je sais, mais non, ce n’est pas vrai, il y a encore un tas de bars à la mode et de mixologisssss qui se lancent dans des compositions virevoltantes autour du produit.

Il y a même une micro-tendance qui parle de raw-gin, un truc qui se fait avec des herbes sauvages ramassées dans les campagnes. Au niveau tendance mondial, le Gin est un épiphénomène limité à quelques pays d’Europe de l’Ouest. Et même si on picole plutôt beaucoup sous nos latitudes, le mouvement commence à marquer le pas.

Le gin tonic est en passe de devenir une cochonnerie qui n’aura rien à envier aux Mojitos et autres Caïpirinhas

Trop de gins sur le marché sont des produits soit issus de la macération soit de l’ajout de composés aromatiques dans un spiritueux médiocre. Tout est devenu possible.

Et, pour le consommateur moyen, tant qu’il y a des bulles, du sucre, beaucoup de glaçons, des baies et que c’est servi dans un aquarium, c’est largement suffisant. Le gin tonic est en passe de devenir une cochonnerie qui n’aura rien à envier aux Mojitos et autres Caïpirinhas.

Les alcools blancs génèrent des marges énormes

Le monde des spiritueux est une vache à lait énorme. Il s’y gagne des montagnes d’argent pour les très grosses structures. Nettement plus que dans le vin. Le plus gros producteur de vin au monde est un nain de jardin comparé aux résultats d’un des top trois du monde des spiritueux.

Et je n’évoque même pas les marges gigantesques générées par les alcools blancs de rotation rapide. Car ceux-ci ne demandent qu’une distillation et une réduction avant mise en marché.

Faire du nouveau avec du vieux

Mais le « marché » est semblable à ces divinités antiques qui ne pouvaient vivre qu’en se nourrissant du sang des jeunes sacrifiés régulièrement. Le marché veut du nouveau, quitte à faire du nouveau avec du vieux. Quitte à changer les clefs de compréhension, les origines ou l’histoire.

C’est le phénomène « whisky pur malt » qui apparaît lorsque les blends se cassent la gueule. Mais aussi parce que les stratèges marketing des plus grandes compagnies découvrent que la traçabilité et l’origine sont des vecteurs commerciaux très mal exploités. Dès lors, le blend continuera à se vendre, mais la Rolls sera le « single » ou « pur » malt. Qui sont, surtout, des composants des blends…

Un blend est plus complexe qu’un single

Dans le Johnnie Walker Bleue label, par exemple, il y a 60 malts qui entrent en ligne de compte pour l’assemblage. Dont une série avec des noms prestigieux… En fait, le malt devient le porte-étendard qualitatif. Il génère les histoires, il propose l’ancrage dans le temps. Et pourtant, à bien y réfléchir, un blend c’est vachement plus complexe à élaborer qu’un single.

Le blend doit être constant en dépit des aléas du temps alors que c’est l’inverse pour le single. Il en va de même en Champagne. Le marché est occupé à pas loin de 90% par les BSA (Brut sans année). Et pourtant on ne parle que des cuvées de prestige, mono cépage, mono terroir et millésimées. C’est-à-dire, si j’ose et j’ose, quelque part l’antithèse du Champagne qui est un vin d’assemblage de cépages, de terroirs, et d’années…

Il est temps de lancer la tendance Tequila et son corolaire Mezcal

Alors le gin s’étiole un peu, et sur le marché mondial, il y a comme un estran qui se dessine. La nature et les assemblées générales ayant horreur du vide, c’est le moment pour les marketeurs planétaires de lancer la tendance Tequila et son corolaire Mezcal. La tendance n’est pas neuve. Si Georges What Else vient de vendre sa marque de Tequila pour une somme que l’on chuchote se situer aux environs du milliard de US$, c’est qu’il y a un marché du genre tonique. Mais là, les choses arrivent sérieusement chez nous.

Les Tequila sont des produits assez simplistes. Par contre, au niveau des Mezcals c’est nettement plus complexe. Les variétés d’agaves, l’âge des cactus, les origines, les façons de préparer les feuilles, la distillation influent sur le goût du produit final. Et il serait bien triste ou sot de les gâcher en les mélangeant.

Les spiritueux ne sont pas destinés à tous terminer en cocktails

Bref, c’est promis, je vous reviendrai vite avec quelques produits bien déterminés et les commentaires de dégustation. Histoire d’éprouver une fois encore mon foie.

En attendant, découvrez quelques bons gins, il en reste, et ouvrez-vous à d’autres saveurs. Les spiritueux ne sont pas destinés à tous terminer en cocktails, il y a des choses magnifiques à déguster calmement…

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