Conseils avant de partir en vacances pour bien acheter vos vins chez les vignerons

Le Belge achète quand il descend en France ou ailleurs

Les vacances sont enfin arrivées, avec elles les habitudes estivales reprennent vie. Dont une importante pour les Belges : s’arrêter dans un domaine viticole et acheter quelques bouteilles à la propriété. C’est immuable. Comme la drache nationale. Comme les enfants qui pleurent aux micros des journalistes à la rentrée des classes. Le Belge achète quand il descend en France, en Italie, en Espagne ou ailleurs. Parce que le vin est meilleur quand on sait qui l’a produit. Une bouteille c’est une carte postale. Je connais bon nombre d’amateurs de vins qui deviennent amis au fil des années avec des familles vigneronnes et choisissent même leur lieu de villégiature en fonction de leurs emplettes à venir.

Les données de consommation sont biaisées

Il est vraiment compliqué de connaître le niveau exact de la consommation de vin par habitant en Belgique. Le protocole de Maastricht est une des principales raison liée à cette difficulté. Le consommateur a le droit de ramener 90 litres de vin par voyage par véhicule à condition de ne pas en faire commerce. Toutes les données sont donc biaisées, parce que dans le cadre de la libre circulation des biens et des personnes, il n’y a aucun relevé de l’identité et du lieu de résidence des acheteurs par les producteurs.

Il est impossible de connaître le niveau des achats de nos concitoyens à l’étranger

En conséquence, il est impossible autrement que par des estimations au doigt levé, de connaître le niveau des achats de nos concitoyens à l’étranger.

Durant le premier confinement du au Covid, une certaine presse s’est répandue sur une « augmentation » de la consommation d’alcool des belges d’au moins 30%. Oui, sauf qu’il ne faut pas oublier que les frontières étaient fermées et que nous n’avions d’autre option que d’acheter chez nous. On pourrait donc se dire, par conséquent, que la consommation liée aux achats à l’étranger devrait tourner autour des 100 millions de bouteilles.

Pourquoi les belges achètent ils tant de vins et d’alcools dans d’autres pays ?

La première raison, de loin, est à relier à la taxation des boissons alcoolisées en Belgique

L’augmentation des accises sous la précédente législature est un moment de bascule. Ce qui était jusque-là un aimable passe-temps saisonnier est devenu une nécessité dans la tête de certains consommateurs. Cette augmentation a été tellement efficace que la consommation nationale officielle a baissé sensiblement. Le montant des taxes perçues devenant inférieur à ce qu’il était avant. Du côté des professionnels on chiffre le manque à gagner de l’état belge aux environs de 90 millions d’€/an, rien que pour les spiritueux.

La seconde raison n’est pas nouvelle, c’est le plaisir de la rencontre

Ce n’est un secret pour personne, nous sommes des hédonistes. On se refile les adresses des bons restaurants, magasins d’alimentation, cavistes, charcutiers, traiteurs, boulanger, vignerons un peu comme les plans secrets de la contre-offensive ukrainienne. On ne partage nos secrets qu’avec ceux que l’on aime. Et c’est à qui verra s’ouvrir les portes de la cave réputée inviolable. On se colle ce genre de blason moral un peu à la manière de scouts des badges.

Pour que l’aventure ne vire pas au mauvais souvenir, il y a quelques précautions à prendre

Avant de partir au domaine

  • FONDAMENTAL et non négociable : la personne qui tient le volant ne boit pas. Même quand on crache, on estime que 6 vins goutés équivalent à un verre bu. Et si un verre ça va, deux verres…
  • L’oeno-tourisme est en plein développement. Un quart de siècle après le reste du monde, la France découvre les bienfaits humains et économique d’un accueil chaleureux et structuré dans les caves. C’est parfois un peu moins « rustique » qu’avant mais souvent nettement plus pro.
  • Lorsque l’on a jeté son dévolu sur une cave, à moins qu’il ne soit indiqué que l’entrée est libre, on prend rendez-vous.
  • Lorsque l’on a pris rendez-vous, si l’on est retard de plus d’un quart d’heure, on prévient. Cela arrive à tout le monde de se perdre, mais les gens qui attendent travaillent et ne sont pas à disposition permanente des visiteurs.

Quand vous arrivez au domaine

Si vous passez en famille

    • n’allez pas déguster avec des enfants. En dessous de 16 ans c’est illégal. Les caves sont souvent des lieux de travail, pas des plaines de jeux pour enfant en manque de défoulement. Organisez-vous, puisque vous avez pris rendez-vous
    • Quand on déguste en cave, on ne prend pas l’apéritif aux frais du producteur. Ce n’est pas un moment où il ne manque que des apéricubes et des chipitos. Si la dégustation est gratuite, si vous n’avez pas aimé, achetez au moins une bouteille en guise de remerciement.
    • Quand on déguste on crache. Toujours. D’abord parce que l’on goûte mieux ainsi, ensuite parce que parfois les dégustations sont longues, comme certaines journées. Autant s’en souvenir clairement.
    • Munissez-vous d’un petit carnet et de quoi écrire. Ou utilisez la prise de note de votre téléphone. Ne fut-ce que pour vous souvenir du nom des vins. Pas la peine d’en faire un roman, laissez-moi cela. Faites-vous un code d’appréciation, même si vous ne relisez jamais vos notes, le fait d’écrire vous permettra de vous concentrer sur vos sensations.

 

Quand on visite une cave en groupe

    • on essaie d’être au moins un peu attentif aux propos de la personne qui guide la dégustation. Évitez les conversations animées et autres conciliabules en aparté. C’est impoli et très agaçant. Si vous n’avez pas compris quelque chose, n’hésitez jamais à poser une question. Il vaut mieux montrer son ignorance que de faire semblant et de passer pour un crétin pérorant.
    • Prévoyez au moins deux heures pour vous arrêter. Une dégustation, sauf dans les pièges à touristes, cela demande du temps. Celui de l’écoute, de la compréhension, de l’échange, du partage en résumé.
    • Fixez-vous un budget avant de faire halte. La dégustation en groupe crée souvent une émulation malsaine qui pousse les acheteurs à surenchérir pour faire les « Jacques ». C’est idiot et on le regrette toujours tout de suite. Sauf si vous vivez un coup de foudre. Dans ce cas, laissez-vous aller. Ne pas céder à sa passion entraine toujours des regrets. Y céder crée parfois des remords. Les seconds sont des arrangements avec soi-même, on peut gérer. Les premiers sont temporels, c’est foutu.

Avant de partir du domaine

  • N’achetez pas en partant en vacances, du moins pas plus que vos besoins immédiats. Le temps du séjour sur place peut s’avérer fatal à beaucoup de bouteilles.
  • N’achetez pas non plus dans le bien être des vacances. Combien d’entre nous n’ont pas été désappointés lorsque la bise est revenue transformant leur rosé de piscine en piquette à peine aimable ? Le vin était médiocre dès le départ, ce n’est pas le transport qui l’a changé, même si le vignerons aux bonnes mains caleuses affirme le contraire. C’est votre esprit qui n’était pas dans le même mode opératoire. De retour vous ne portez plus votre combiné bermuda-fraise-écrasée/ Birkenstock-chaussettes-blanches. Il en va de même pour le cubi de rosé spécial pétanque.
  • Enfin, le vin que avez transporté en été, dans le coffre, a encaissé des coups de chaud très souvent. Laissez-lui quelques jours, une semaine au moins, avant de l’attaquer en duel les yeux dans les yeux. Il faut qu’il se remette un peu quand même.
  • Bonnes vacances, que vos dégustations soient nombreuses et vos souvenirs bien grands !

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