Bière et Belgique ou l’inverse, allez savoir…

 

La Bière et la Belgique, une histoire surprenante

Depuis que l’UNESCO a reconnu « la culture de la bière au patrimoine immatériel de l’humanité », l’affaire est entendue à nos yeux : la bière belge est la meilleure du monde.

Superbe glissement sémantique, il n’a jamais été question de qualité et encore moins de comparaison, qui le plus souvent n’est pas raison, chacun le sait. Mais c’est comme ça avec toutes les informations, nous ne retenons que ce qui nous fait plaisir et tant pis pour les éventuelles nuances.

Il faudrait commencer par définir ce qu’est une bière belge. Certes, il existe un type de bière caractéristique qui répond à ce nom, mais est-ce que cela couvre toutes les nuances de bières originaires de chez nous ? La réponse est dans la question, c’est bien évidemment non.

Comment reconnaître une  bière belge ?

À quoi pourrait-on reconnaître une bière belge alors hors des lambics et autres gueuzes tellement locales ? Et là, ça se corse. Il y aurait d’une part, les ingrédients. De l’orge aux houblons en passant par la fameuse levure belge. Et effectivement, cette levure est une signature. Un style carrément. Parce que pour ce qui est du reste, à part l’intelligence environnementale qui commence de travailler la proximité, il est difficile de trouver une saveur réellement locale. Oui, je sais, il existe des variétés de houblons uniques au monde chez nous comme partout ailleurs.

Mais alors, c’est quoi la signature belge ? Et si, tout simplement, cela procédait de la pensée ? De la manière d’envisager le produit. On le sait, la bière fait très intimement partie de notre vie. Je suis de cette génération qui mangeait à cantine et buvait de la bière de table, genre triple Piedboeuf. Que l’on retrouve en maison de retraite d’ailleurs maintenant. Nous ne sommes pas tous devenus alcooliques pour autant, je ne parle pas de moi mais de ma copine Marie-Laurence par exemple, mais c’est une autre histoire.

Le brasseur local, en général, pense plaisir lorsqu’il compose ses recettes. Oui, je vous l’accorde, il existe aussi une vague de micro, nano et autres petites brasseries qui cherchent à sortir leur épingle du jeu commercial, en produisant des bières tarabiscotées pour papilles torturées urbaines et zappeuses. Ce qui les oblige aussi, quelque part, à produire des brassins différents en permanence. Ce qui n’est pas sans poser de question en matière de définition stylistique l’air de rien. Et sans définition claire de ce qui est produit, le consommateur a tendance à se lasser rapidement d’une quête sans but.

La bière, je l’écris franchement, n’est pas assez chère chez les brasseurs artisans

Parce que la bière n’est pas qu’un truc liquide et plaisant, c’est toujours très rapidement une affaire économique sérieuse. Et là, force est de constater qu’à l’instar du chocolat, nous n’acceptons que très rarement de payer le prix réel du produit. La bière, je l’écris franchement, n’est pas assez chère chez les brasseurs artisans. Lorsqu’il s’agit de pils à base de maïs, c’est une autre histoire et je vais pas me lancer dans une telle polémique ici, je manque de compétences.

Pour en revenir à la définition de la bière belge, et si, tout simplement, ce qui fait le « goût » belge était le « terroir » ? Calmez-vous, je sais parfaitement que ce que l’on tente de définir lorsque l’on évoque ce mot, n’existe pas vraiment.

C’est d’ailleurs pour cela qu’il n’existe pas de traduction. Le terroir est une donnée conceptuelle qui oublie systématiquement son élément constitutif essentiel: l’humain.

La nature n’a pas capacité à produire les céréales et les houblons ou les épices nécessaires à la production de notre jus national. Quand bien même elle l’aurait, à ma connaissance elle ne brasse pas, ne crée pas spontanément de recette. Non, tout ça est le privilège de l’humain.

Et si, en conclusion, ce qui différenciait nos bières des autres était notre humanité, notre sens de la fête, notre besoin de joies collectives ? La bière belge est le miroir de la population de ce pays étrange, fractionné, aux velléités indépendantistes pour les plus tristes, mais qui partent en vacances de l’autre côté du pays néanmoins parce qu’ils aiment ça in fine ? Qu’ils soient installés à une rouge des Flandres et une poignée de crevettes à décortiquer ou attablés, fourbus, après une ballade automnale dans la forêt ardennaise devant une trappiste, les Belges sont unis par leur amour de… la bière belge !

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