Amen
L’ouverture du lieu avait fait grand bruit dans le microcosme peopolosnobinard ixello-ucclois bruxellois, et puis, comme toujours, les L avaient déployés leurs ailes. Les 3 L ? vous ne connaissez pas ? On Loue, On Lèche, On Lâche. Un grand classique de la vie des lieux publics à travers le monde. Ici aussi ce fut le cas.
J’ai préféré me tenir à l’écart du flux, des jugements hâtifs et définitifs, pour une fois. Le temps devait un peu polir la machine et lui donner quelques rides pour lui apporter le charme dont elle semblait manquer au départ. Certes, la déco était pour beaucoup dans un certain « rejet » de la part du public, le confort y attenant, et un tas de trucs plus ou moins réalistes. Mais la déco, même si elle est dans l’ADN du concept, n’est qu’une chose personnelle, et n’existe que derrière l’accueil et la cuisine. Pourquoi flinguer un endroit parce que l’on trouve la couleur des murs comme ceci ou cela ? C’est la dictature « Tripadvisor », ce truc où il suffit d’avoir un avis pour devenir, au chaud de son anonymat, un expert redresseur de torts…
De la cuisine tout simplement, bien servie, avec le sourire
Un restaurant c’est avant tout un accueil, et lors de mes trois repas à quelques mois d’intervalle, le service a toujours été à la hauteur de mes attentes. Il faut dire qu’il a gagné en sourire avec la nouvelle sommelière qui complète bien l’équipe et que la « maître d’hôtel » fait plus que bien son boulot.
Et puis, au niveau de la cuisine, alors là , quelle claque ! La bolognaise de homard est un Autel qui sacre la bestiole comme peu de gens l’ont célébrée jusqu’à présent. Dans un passage plus récent, j’ai presque voué un culte à la côte de veau rôtie accompagnée de son gratin de macaroni aux morilles. Transcendant et un peu plus. Bref, c’est de la magnifique cuisine, originale, différente, pas foodies pour un sou, pas branleuse. Juste de la cuisine avec des cuissons parfaites et des saveurs bien nettes. De la cuisine tout simplement, bien servie, avec le sourire.
Carte, lunch, poulet
Oui, c’est vrai, à la carte, la moyenne par couvert tourne autour de 80€, mais il y a un menu à 54, un lunch et même le samedi midi un (vrai) poulet, qui a couru, rôti à volonté pour 22€ et à 16€ avec une mousse au chocolat maison, évidemment, pour les enfants. Oui, vous pouvez ne pas aimer les chaises un peu raides, ou les banquettes sur lesquelles on ne se vautre pas forcément. Mais petit à petit, les clients sont entendus et les choses sont moins tranchées.
Pascal Devalkeneer est un des fleurons de la cuisine belge, pas complètement fermé aux remarques. L’un ne va pas sans l’autre. Il adapte, il arrondit les angles pour notre plus grand bonheur et son équipe est parfaitement dans l’esprit du lieu.
Cette fois, Ite Missa Est, allez en paix ! Amen…
Rue Franz Merjay 165, 1050 Ixelles. Tél : 02 217 10 19