Porto Tawny
Non, arrêtez de croire que le Porto est réservé exclusivement à l’apéritif tiède de Noël chez Nènène, il est polymorphe, n’en déplaise à ceux qui le vouent aux gémonies du passé.
Nous Belges, de tous les peuples de la Gaule le plus brave, sommes aussi, comme ça en passant, les troisième plus grands consommateurs de Porto du monde. Je parle en volume par habitant bien entendu. Nous suivons de près nos voisins bataves et d’un peu plus loin nos descendants hexagonaux. Pour rappel, Clovis, Charles Martel et quelques autres sont nés en Belgique ; il suffit à nos petits voisins de s’adapter à la réalité historique. Les lusitaniens ne viennent qu’en quatrième position. Et même si l’ibère sait se montrer rude, lui n’en boit pas, il n’exporte que des contrefaçons grossières. Il suffit d’être allé une fois en minitrip à Lisbonne pour s’en rendre compte. On ne boit pratiquement pas de Porto hors de la région de production dans le pays. Tout cela pour en revenir au Porto.
Nous avons beau en consommer des quantités astronomiques. Même si avec les départs naturels des principaux consommateurs et un renouvellement moins important le côté astronomique de la chose à tendance à se tasser un peu, nous n’y connaissons absolument rien en la matière. C’est peu de dire que nous sommes aculturés dès qu’il s’agit de ce vin merveilleux. Oui, vous avez bien lu « VIN », car il s’agit bien de cela. Même si dans les supermarchés ces vins ne sont jamais rangés dans les mêmes catégories que les vins « classiques ».
Le Porto est un vin muté
C’est à dire un vin dont on arrête la fermentation par adjonction d’alcool vinique. Il ne s’agit en aucun cas, JAMAIS, d’un vin « cuit ». D’ailleurs les vins cuits n’existent pas. Ils tiennent une part dans notre aculture vineuse générale qui tient du mythe mais c’est leur seule existence concrète. Le Porto est divisé en 2 catégories distinctes. D’une part ceux qui vieillissent en barrique que l’on nomme « oxydatifs » et ceux qui vieillissent en bouteille que l’on nomme « réductifs ».
Celui du jour est un « Tawny » c’est à dire un oxydatif
Il vieillit un peu en fût, genre entre 3 et 5 ans avant d’être mis en bouteille. Sa robe est patinée par le temps. Il est donc un peu orangé, tuilé, avec des reflets bruns. Au nez, il tourne du côté de l’orange amère, avec des touches de cacao et de cuir. C’est superbe. Une des plus belles bouteille du marché dans sa catégorie, élaboré par Tiago Alvès de Sousa, un talentueux jeune vigneron du Douro. Pour terminer les chocolats de la Saint-Valentin, ce sera un accord parfait. Ça changera de chez Nènène croyez-moi.