Les Vendanges de la Peur
Le réchauffement climatique est indéniable, même pour les plus obtus des esprits.
La viticulture en Belgique
Partant de là , bon nombre d’entre nous ont osé le pari de la viticulture en Belgique. D’après Marc Vanhel, ZE specialiste des domaines locaux, on pourrait estimer le nombre d’exploitations du Royaume, aux environs de 400.
Cela pourrait paraître énorme, mais on se calme, seules une trentaines d’entreprises ont une taille vraiment industrielle. En surface on frise les 1000ha, ce qui nous place derrière le Luxembourg ou…la Pologne. La viticulture élargit sa base terrestre, il y a quelques semaines se tenait le premier salon du vin suédois. Mais pour autant tout est loin d’être rose au pays du rouge et du blanc.
Les défis climatiques
Même si bon nombre d’agriculteurs au sens conventionnel du terme considèrent la viticulture d’un œil au minimum goguenard, il s’agit de travailler du vivant. Certes on est pas des bœufs, mais une vigne ne donne bien que dans certaines conditions.
Tout le talent du monde ne peut rien contre des conditions climatiques adverses, pour ne pas dire de grossièretés.
L’année viticole compliquée
L’année viticole écoulée fut particulièrement compliquée. Il y eut, pour commencer, le gel. Chez nous c’est un phénomène annuel, avec des ampleurs fort différentes certes, mais c’est récurrent. Il faut donc penser à protéger le vignoble. On peut se dire que c’est fait chez la plupart des professionnels. Cela à un coût tant humain que matériel, mais si c’est intégré dans le plan financier, c’est gérable.
Cette année, c’est arrivé assez tard par rapport à la croissance foliaire des plantes, et je connais certains domaines qui ont été totalement grillés. Rappelez-vous qu’en suite il y eut cette pluie pratiquement incessante de novembre à juin. C’est mauvais pour les patates, les céréales et les vignes.
Problèmes climatiques spécifiques
La pluie sur les fleurs provoquent un phénomène malheureusement bien connu sous le nom de coulure. Cela signifie que les fécondations des fleurs se passent de mal à très mal. Ajoutez à cela une croissance végétale importante grâce à l’eau, et une humidité ambiante constante extrêmement favorable aux maladies cryptogamiques de la vigne avec en tête de liste le mildiou et vous aurez une vague idée des conditions de gestation des raisins cette année.
Témoignages des vignerons
Alec Bol (Vins de Liège)
Pour Alec Bol, administrateur délégué des Vins de Liège, à Heure-le-Romain, il s’agit vraiment d’une « Anus Horribilis ». Le domaine bio bien que planté exclusivement en vignes dites « inter-spécifiques » c’est-à -dire multi-résistantes par croisements multiples, a vraiment souffert des conditions climatiques.
Dimitri Vender Heyden (Domaine W)
Quand à Dimitri Vender Heyden du domaine W à Saintes, c’est l’année la plus compliquée depuis 2016, qui était suivie de près par 2021. Le domaine en biodynamie, qui propose uniquement des vins effervescents à base de chardonnay, de pinot noir et de pinot meunier, souffre beaucoup du climat.
Arnaud Leroy (Domaine des Agaises)
Chez Arnaud Leroy du Domaine des Agaises, là où s’élabore la fameuse cuvée Rufus, la récolte sera aux alentours des 25/30% de la normale aussi. Ici c’est le gel qui est surtout en cause. Il a touché des zones qu’il ne touchait pas d’habitude. Certaines pour la première fois en 20 ans.
Conclusion
En résumé, l’enfant se présente assez mal, il sera a tout le moins malingre et chétif c’est sûr. Les mois à venir nous dirons si ce qui rentrera sera d’une belle qualité au moins, car cela existe.
Pour conclure, la Belgique viticole à mal a son climat cette année. Et elle n’est pas la seule, la France est groggy dans son ensemble. Seuls la Corse et le vignoble de L’ile de Lérins sont tirés d’affaire parce que déjà récoltés à l’heure de rédiger ces lignes.
Une seule certitude : 2024 sera extrêmement hétérogène, préparez vos neurones…