La Bastide de Marie

 

Il en va de certains endroits dans le monde comme de certains livres que l’on ouvre, dès la première ligne on se sent chez soi, on va dévorer l’ouvrage sans respirer parce qu’il est en nous depuis longtemps et qu’il est une pièce de puzzle qui va nous compléter harmonieusement.

Hôtels & Maison Sibuet

Nous ne sommes pas pressés, la route déroule ses boucles indéfiniment, le soleil darde encore quelques rayons, bref, c’est un petit supplément de vacances qui s’offre à nous.

Au détour d’un virage aux environs de Ménerbes, un chemin part vers la droite, il mène à une grosse bastide entourée d’une mer de vignes. Je suis dans mon élément, il y a du raisin.

À peine posé sur le parking, un homme nous reçoit chaleureusement et prend en charge notre bagage. Nous sommes arrivés à la Bastide de Marie. Pas vraiment un hôtel, presque une maison d’hôte, mais avec le service d’une boutique hôtel. En fait c’est un petit bijou, dont on peine à sortir tant on s’y sent bien.

Madame Baud, que l’on a envie d’appeler Mireille dès la deuxième seconde lorsqu’on la rencontre, transforme cet endroit en quelque chose qui est bien plus qu’un lieu de résidence. C’est presque une maison de famille où il n’est pas nécessaire de remplir le lave-vaisselle après le repas. Certes, ce n’est pas son hôtel, il fait partie d’un groupe prestigieux : Maison & hôtels Sibuet ; mais depuis le temps qu’elle en tient les rênes, l’endroit lui ressemble un peu. A moins que ce ne soit l’inverse.

Mireille Baud

Est une directrice dans la plus pure ligne de la grande hôtellerie à la française. Ces directeurs qui restent en place pendant des lustres, qui voient les générations se succéder et ne prennent personne de haut tout en gardant une ligne de conduite faite d’un mélange subtil d’élégance et d’une certaine distance. Personne n’est là pour chanter « les sardines », mais il n’y a pas de place pour les snobs non plus.

En dehors de l’aspect humain, les chambres sont superbes, exploitant intelligemment les volumes et les proportions sorties d’une autre époque. Le mobilier joue dans la gamme du délicieusement suranné. Au crépuscule, à la lueur des lampions, on prend l’apéritif sur la terrasse, dans les derniers rayons du couchant.

Puis on passe à table dans la grande véranda. Même lorsque c’est complet, il n’y a nulle part un sentiment de pression ou de troupeau. Le service est à l’image du reste de la maison ; simple, efficace, joyeux, souriant. Surprenant en fait pour une des zones les plus touristiques de l’hexagone, tant il est personnalisé et décontracté à la fois. La cuisine fait la part belle aux produits locaux et préparations traditionnelles retravaillées en finesse. Pour les vins, c’est simple, il y a ceux du domaine au verre ou à la bouteille et puis une carte, mais franchement le local est superbe et vaut largement que l’on s’y attarde.

 

Visites

En journée, si vous êtes vraiment courageux, après la pantagruélique petit déjeuner, vous pourrez partir à la découverte des environs. Mais il faut vraiment se faire violence. Même si le château de Lacoste est à un jet de cravache, que Roussillon et ses ocres sont juste à côté, je ne vous parle même pas de Gordes et autres haut-lieux du tourisme belgicain de la région, il faut vraiment vouloir quitter les bords ombragés de la piscine, et le vent qui agite doucement les tentures de la chambre pour le savoir.

Le lendemain de notre arrivée, j’ai été réveillé par le bruit de la machine à vendanger. Le ciel était strié de traces blanches comme si le soleil avait tout éclaboussé en tombant dans la tasse de lait de son petit-déjeuner. La visite de la cave vaut largement son pesant de grappes. Si vous vous baladez dans les vignes, sachez que les parcelles irriguées du dessus produisent du muscat de Hambourg, un raisin de table dont on ne fait pas de vin. Le maître de chais Arnaud Bressy est non seulement charmant, pensez, il a pris le temps de tout me faire visiter alors qu’il était en pleine vendanges et, franchement, il n’y a qu’à la télé que c’est une partie de rigolade. Les vins sont équilibrés et travaillés en finesse, c’est la marque de fabrique de la gamme et de la patte du chef de cave. On est plutôt dans le style dentelles que puissance à tout prix. J’avoue une grosse faiblesse pour la cuvée « LE » à 80% de grenache, avec 10% de mourvèdre et 10 de syrah. C’est dense, intense, épicé mais jamais lourdingue.

La Bastide de Marie

64, chemin des Peirelles
84560 Ménerbes – FR

https://www.labastidedemarie.com

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